mardi 27 février 2007

La Tunisie – un état laïc

Si la Tunisie n’est pas totalement laïque aujourd’hui, elle le doit à la volonté de Bourguiba, d’avoir la main sur tous les contre-pouvoirs que pouvait compter le pays. Aussi bien les syndicats, que les autres institutions, dont les institutions religieuses, sont inféodés au parti Destour.
Si, la Tunisie veut aujourd’hui s’affranchir de la contrainte du parti unique et se diriger vers le multipartisme, elle se doit de confirmer ses aspirations laïques, garantes des libertés individuelles et des libertés de penser, en achevant la séparation totale entre le religieux et le politique. A défaut de quoi, les religieux risquent de se retrouver un jour au pouvoir sans contre-pouvoir laïc. Ce qui pourrait s’avérer fatal pour notre constitution.
Je pense sérieusement que les défenseurs de la laïcité peuvent trouver des alliers chez les plus conservateurs pour faire aboutir cette idée. Car ceux qui souhaitent la liberté de la pensée cultuelle affranchie du contrôle de l’état, sont sans-doutes aussi nombreux, que ceux qui souhaitent la liberté de pensée politique.
En renforçant sa constitution pour préserver ses acquis et en améliorant ses outils juridiques pour mieux contrôler les sectarismes, la Tunisie pourrait donner une bouffée d’air de liberté de penser à la nation, qui permettrait d’accroitre considérablement son attractivité.

dimanche 4 février 2007

Pays de l’équilibre et de la juste mesure

Voila un sujet qui a fait l’objet de plusieurs articles, parfois même dans un même journal. Il a été aussi le seul sujet d’actualité national au journal télévisé samedi.

"Le Président Ben Ali ordonne l’octroi immédiat d’un logement à une famille sinistrée à Ksar Hellal
Une noble action profondément humaniste et humanitaire
• Impact des plus positifs sur les membres de la famille et les citoyens de Ksar Hellal
Aussitôt informé de l'incident dramatique qui s'est produit hier matin à Ksar Hellal (gouvernorat de Monastir), causant la mort d'une mère de famille et l'effondrement de son logement, le Président Zine El Abidine Ben Ali a ordonné l'octroi immédiat, à cette famille sinistrée, d'un logement décent, équipé de toutes les commodités nécessaires.
Cette noble action humanitaire du Chef de l’Etat a eu un impact des plus positifs sur les membres de la famille et tous les citoyens de Ksar Hellal.
Les autorités régionales et les services spécialisés ont vite fait de concrétiser la décision présidentielle et d’exprimer leur compassion aux membres de la famille sinistrée. Selon les premiers éléments, l’explosion, qui est due à une fuite de gaz dans la cuisine, a causé la mort instantanée de la mère, ainsi que des blessures à un proche parent, présent sur les lieux. Les autres membres de la famille, quatre filles et trois garçons, sont sains et saufs."


Peut-on accepter qu’une explosion de gaz, puisse servir un jour la compagne électorale ?

Pourquoi faire valoir que la Tunisie est le pays de l’équilibre et de la mesure, si déjà l’information nationale fait dans la démesure.

Quel est l'objet de genre de cette pratique, si ce n'est pas de chercher à forger l'image d'un futur président à vie.

Ce n’est pas temps la personne de Ben Ali, ni sa volanté de rester président, ni la politique qu'il propose, ni même la nature du régime, qui est ici le réel enjeu, mais bien une grosse histoire de sous. En exemple, Il y a 20 ans, les Trabelsi appartenaient à la classe pauvre, maintenant ils sont l'une des familles les plus riches au pays, avec des participations substantielles dans les domaines du tourisme, de la vente au détail e de l'immobilier.

A ce prix là, ça vaut le coût de donner un logement à des sinistrés.

La Tunisie est non seulement un petit pays, mais aussi très peu développé économiquement. Le tour de table des entrepreneurs est vite fait. Ceux que l’on voit le plus sont les nouveaux riches et leur rapport à l’argent est encore relativement ostentatoire et primitif.

Certains hommes d’affaires, notoirement connus pour leurs exactions, arrivent à vivre tranquillement car sont nombreux ceux qui mangent dans leur assiette.

Et ceux qui n’y mangent pas, sont tellement mort de fin, qu’une moindre compensation ferait taire n’importe quelle complainte.

"Transparency International, une organisation non-gouvernementale basée à Berlin qui s'occupe de toutes les formes de corruption à travers le monde, indique qu'elle n'a pas de bureau en Tunisie. Raison: pratiquement aucune activité indépendante du gouvernement n'est possible."

Le seul espoir de sortir de cette spirale qui tire l’économie tunisienne vers le bas, ça serait l’arrivé d’investisseurs incorruptibles et déterminés.

Vous qui seriez tenté de censurer cet article, je me permettrais juste de vous rappeler l’article 7 de notre constitution (ci-dessous), qui vous intime l’ordre de protéger le progrès économique et social de votre nation, y compris même si vous devez vous lever contre les beaux frères du président.